Voici le quatrième article de ma série sur l’alimentation intuitive
Nous sommes souvent notre plus grand.e critique. Dans notre société de performance, où le Just Do It règne, on apprend très tôt à se juger quand on n’atteint pas l’idéal imposé.
Vous me voyez venir… Cette notion s’applique aussi à notre alimentation. Dans l’article d’aujourd’hui nous allons parler du discours qui a lieu entre nos deux oreilles quand on fait nos choix alimentaires. Puis, je vous ferai part d’une stratégie pour remettre en question et éventuellement changer ce discours intérieur de façon à mieux mettre en application les principes de l’alimentation intuitive.
Le discours intérieur dont on parle ici réfère aux pensées de restriction que l’on peut avoir face à la nourriture. C’est une voix pleine de jugement qui catégorise nos choix en « bons » ou « mauvais ». Les auteures du livre Intuitive Eating ont donné un nom cette voix critique: food police. Traduction: police alimentaire. Le fait de nommer cette voix permet de mieux s’en distancer. Il peut sembler bizarre de vouloir se distancer de ses pensées, de ne pas se les approprier. Après tout, quand on pense, c’est notre propre voix qu’on entend. Ce dont il est important de se rappeler, c’est que le discours de la police alimentaire est le produit des messages que nous absorbons dans nos environnements. Par exemple, si on a certaines réflexions culpabilisantes face à un aliment, c’est parce qu’on a appris quelque part qu’il est « mauvais »; nous ne sommes pas née..s avec ces croyances. Bref, nos pensées méritent souvent d’être questionnées!
Pourquoi travailler sur ses pensées? Les pensées, les émotions et les comportements sont intimement liés. En développant un discours intérieur positif face à la nourriture, on augmente nos chances de poser des actions qui favoriseront notre bien-être physique et mental.
Voici quelques exemples de ce que votre police alimentaire vous a peut-être déjà dit:
« Je n’aurais jamais dû manger X car cet aliment fait grossir »
« Je devrais avoir honte d’avoir autant faim à cette heure-ci, je viens de manger! »
« Comme j’ai fait de l’exercice aujourd’hui, je me donne le droit de manger X »
« Je ne devrais jamais manger après 19h »
Pour une personne qui est au régime depuis longtemps, cette voix est souvent très forte. Chaque fois qu’il est question de nourriture, en pensée ou en réalité, elle resurgit. Pour certain.e.s d’entre nous, elle détermine chaque jour si la journée a été « bonne » ou « mauvaise » selon ce qui a été mangé. Les émotions associées au discours de la police alimentaire sont rarement agréables: frustration ou colère envers soi, culpabilité, honte.
Face à la police alimentaire, un autre discours émerge souvent: la rebelle. La rebelle, c’est la voix qui dit « Assez! » quand la restriction n’est plus vivable et qui nous encourage à répondre à nos envies alimentaires avec excès pour se venger. La lutte intérieure entre ces deux discours contribue au fameux cycle de la restriction, où l’on passe de la restriction à l’excès sans jamais trouver de juste milieu.
Le discours intérieur que j’aimerais vous aider à développer est celui de la mangeuse intuitive. C’est une voix bienveillante qui n’impose aucune restriction et veut faire le meilleur choix pour notre bien-être physique et mental; elle nous permet de mieux prendre soin de nous. Les émotions associées au discours de la mangeuse intuitive sont bien plus intéressantes: plaisir, apaisement, satisfaction.
Comme on ne peut pas simplement décider de mettre notre police alimentaire à la porte et cesser d’avoir nos pensées négatives, la stratégie est plutôt de lui répondre en utilisant le discours de la mangeuse intuitive. À mesure que le discours de la mangeuse intuitive prendra de plus en plus de place dans nos pensées, nos émotions et nos actions changeront pour le mieux.
La première chose à faire pour changer son discours intérieur, c’est d’y porter attention. On est souvent tellement habitué.e.s de se critiquer constamment que ça peut devenir un bruit de fond. En portant attention à ce que dit notre police alimentaire, on se permet de lui donner une réponse rationnelle en employant la perspective de la mangeuse intuitive. Par exemple :
Police alimentaire: « Cet aliment fait grossir, il ne faut surtout pas en manger»
Mangeuse Intuitive : « Je sais qu’un aliment n’a pas le pouvoir de me faire prendre ou perdre du poids à lui seul. D’ailleurs je sais que la restriction ne fonctionne pas à long-terme; j’ai fait le choix de manger selon ma faim et mes envies et de m’accepter comme je suis aujourd’hui. Je vais donc me poser les questions suivantes: Est-ce que j’ai faim? Est-ce que j’en ai envie? Si oui, quelle quantité serait satisfaisante? »
Pour vous exercer à répondre à votre police alimentaire, je vous propose l’exercice suivant: notez 5 phrases qu’elle vous répète souvent et écrivez une réponse à chacune d’elles avec la perspective de la mangeuse intuitive.
Pour finir, j’ai un petit défi pour vous : choisissez une journée où vous porterez particulièrement attention au discours de votre police alimentaire. Répondez-y du mieux que vous pouvez avec la voix de la mangeuse intuitive et notez vos conclusions à la fin de la journée. Quelles types de pensées reviennent le plus souvent? Quelles réponses ont été le plus efficaces? Comment vous sentez-vous à la fin de cette journée? Avez remarqué une différence au niveau de vos comportements?
La suite au prochaine numéro!
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